- Au Brésil, l'expansion économique n'est plus un facteur suffisant pour assurer une baisse forte et spontanée du nombre des pauvres et des inégalités (1.5% de croissance en moyenne par an) : des politiques sociales actives sont aussi nécessaires.

  La réduction de la pauvreté est la priorité affichée par le Président Lula da Silva, arrivé au pouvoir en janvier 2003. La stratégie du gouvernement Lula de réduction de la pauvreté repose sur une conditionnalité accrue de l'aide au plan individuel et sur un ciblage plus fort de la politique de redistribution.

  En effet lors de sa candidature Lula a promis de doubler le pouvoir d'achat du salaire minimum et de créer 10 millions d'emplois en 4 ans. Ainsi il a été porté par une formidable attente sociale et la promesse d'une vie meilleure.

  Les politiques sociales sont relativement développées au Brésil : près de 40% des dépenses publiques leur sont consacrées, soit environ 15% du PIB.


                  


                   


             - Le programme "Bolsa Familia" a été lancé par le gouvernement Lula en 2003 et il permet à 5 millions de familles pauvres de recevoir une aide directe de l'Etat à la condition que les parents envoient leurs enfants à l'école. En effet l'analyse des déterminants de la pauvreté conduit à souligner, le rôle central de l'éducation au Brésil : 68% des Brésiliens qui n'ont pas terminé leurs quatre premières années d'études sont pauvres, contre 15% de ceux qui ont plus de huit ans d'études (et 1,9% au-delà de douze ans). L'inégalité dans la distribution du revenu reflète un effort d'éducation insuffisant, sur très longue période.



Affiche officielle du programme 'Bolsa Familia"
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  Certes des progrès ont été faits : la durée moyenne des études est passée de 3,2 à 5,3 années, entre 1976 et 1996. Mais cette moyenne reste nettement inférieure à celle de pays comparables, où elle est comprise entre 9 et 11 années d'études (Argentine, Chili, Mexique, Turquie, etc). Surtout, le niveau d'études des plus pauvres est particulièrement bas : il est inférieur, par exemple, à celui observé en Inde, au Zimbabwe, en Tanzanie ou en Ouganda.

  C'est donc le but de ce programme d'allonger la durée moyenne des études et en parallèle d'assurer la redistribution aux familles concernées. Le premier bilan fait état de 2.8 milliards d'euros redistribués par an d'après Jacques Wagner le conseiller social de Lula.






             - Le programme "Faim Zéro" vise à venir en aide à plus de 11 millions de familles démunies en leur assurant trois repas par jour. Cependant il a déjà été restructuré et des critiques ont été émises à son sujet notamment par Sandra Quintela vice directrice de l¹institut d'études alternatives de Rio de Janeiro.



Affiche officielle du programme "Faim Zéro"
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  Selon elle " "Faim Zéro" est une sorte d'alibi du gouvernement brésilien, en matière de lutte contre la pauvreté . La preuve : pour ce programme le gouvernement met à disposition 1 milliard de dollars par an, alors qu'il utilise près de 22 milliards de dollars par an pour rembourser le service de la dette. Pour ceux qui possèdent le pouvoir politique et économique au Brésil, le programme "Faim Zéro" est tout à fait inoffensif. En revanche, ils n'accepteraient jamais d'ouvrir une réelle discussion sur un processus de changement pour une meilleure répartition des richesses. Le gouvernement ne devrait pas placer son énergie dans un programme d'aide d'urgence comme " Faim Zéro " qui ne peut apporter une solution durable au problème de la pauvreté. Il devrait plutôt se concentrer sur l'élaboration d'une politique sociale et de l'emploi à long  terme."




                  

             - Les politiques sociales suivies par le Brésil ont permis une augmentation appréciable bien qu'insuffisante du niveau d'éducation ; elles ont atteint des résultats tangibles sur la pauvreté rurale, plus limités sur la pauvreté dans les grandes métropoles.

  On pourrait ajouter un développement régulier des infrastructures publiques (accès à l'eau courante, électricité, ramassage des ordures, etc.) et, a contrario, une aggravation continue de l'insécurité.

  Les promesses du président Lula n'ont pas pu être tenues puisqu'en un an et demi le smic a augmenté de 2.5% et pas plus de 1.5 millions d'emplois ont été créés.

  De manière plus générale, le bilan d'ensemble du dispositif social brésilien reste toutefois très mitigé. Des montants budgétaires importants pour une efficacité réduite tel serait le constat. En particulier, on peut souligner le caractère peu redistributif des dépenses sociales, dont 25% atteindraient la population pauvre. Autre critère, l'effort collectif est très déséquilibré en faveur de la population la plus agée.

  En effet, proportionnellement les jeunes sont beaucoup moins soutenus que les retraités dans leur insertion dans la vie active (notamment pour percevoir un revenu convenable). Ainsi, rien n'est fait pour inciter les adolescents à rester à l'école plutôt que de travailler pour un revenu souvent misérable.

  D'après le gouvernement Lula le piétinement est dû à une croissance instable,c¹est une fois une croissance stable retrouvée qu'il pourra passer à une réelle action sociale et à la redistribution des revenus : "nous nous heurtons à une dette sociale immense.Mais en plus d'être un devoir éthique et moral le développement social est une exigence économique".







             - Ces pratiques s'appuient sur la mobilisation de mouvements sociaux en réaction à la fragmentation urbaine, tant spatiale que sociale.

  La tradition du "mutirào", la construction de logements en aide mutuelle, est la clé de voûte des programmes Comunidades et Casa Melhor. Ces programmes ont fortement contribué au déploiement d'une dynamique de développement local intégré en combinant aux projets d'habitat populaire (auto-construction et amélioration des logements existants) le soutien au développement d'activités génératrices de revenus, la mise en place d'un système particulier de microcrédits ainsi qu'un projet de formation au bénéfice de la sortie des pauvres et plus pauvres d'état de dépendance important.



La pratique du "Mutirào" dans les favelas.
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  Si le contexte politique nécessite d'être suffisamment stable pour l'élaboration de "compromis institutionnalisés", une fonction de médiation apparaît incontournable, celle d'un tiers intervenant, pour éviter une trop grande implication et la confusion des rôles entre maîtrise d'ouvrage collective et maîtrise d'oeuvre.

  Enfin, la capacité d'organisation collective des plus pauvres ne va pas de soi et s'il apparaît qu'une souche communautaire est nécessaire pour permettre le déploiement de cette dynamique de développement local, il s'agit d'oeuvrer aux conditions de son renforcement et de sa pérennisation: la formation des leaders populaires constitue un vecteur prometteur pour le soutien et le renforcement des pratiques communautaires.

 

Affiche appelant à l'entraide (Cliquer pour agrandir)